Pour une écologie pirate

Et nous serons libres

De Fatima Ouassak

Chez La découverte

Un livre vraiment super, qui vient de repolitiser l’écologie, rappeler que celle-ci ne doit se faire que dans une optique antiraciste et anticoloniale, notamment en redonnant du pouvoir aux habitant·es des quartiers populaires.

« Nous ne voulons pas de ces médailles ridicules. Nous voulons prendre la mer, libérer nos terres et être libre. C’est parce que nous ne somme pas libre que le monde brûle. »

« Dans les quartiers populaires, la question écologique ne peut pas être celle de la protection de la terre […] elle doit être celle de sa libération. »

Quand on parle d’écologie et de classe populaire, on parle de chose concrète (se chauffer, bien manger,…) et on félicite les classes populaires de peu polluer et peu gaspiller, « une sorte de bravo les pauvres d’être pauvres ».

Mais on ne parle pas de liberté, ça c’est pour les blanc·hes riches.


Si se sont les pays européens qui sont en bonne partie responsable des émissions de gaz à effet de serre, ce sont les pays du Sud qui les subissent le plus.

Les habitant·es des quartiers populaires sont sans cesse renvoyés à l’ailleurs, iels ne sont pas autorisés à s’ancrer dans leurs territoires, on leur répète qu’iels ne sont pas chez elleux.

Or, « on ne peut pas demander aux habitants des quartiers populaires de s’impliquer contre ce qui détruit la terre ici et, en même temps, leur rappeler sans cesse qu’ils n’y sont pas chez eux à coups de discriminations raciales massives. »

Le mouvement climat surtout composé de CSP+ blanc·hes s’étonnede la faible mobilisation dans les quartiers populaires et en déduit qu’il faut les sensibiliser à l’écologie.

Mais il faut surtout se poser la question de l’accès au pouvoir politique des habitant·es et ne pas leur demander de rejoindre le centre pour défendre ce même centre.

Le mouvement climat doit exprimer clairement son projet politique et celui-ci doit prendre en compte le racisme structurel.

L’écologie c’est vaste, ça peut être fasciste, transphobe, raciste, colonial… et aujourd’hui en France l’écologie majoritaire aspire au maintien de l’ordre social actuel et n’appel pas à une libération.

« Nous sommes d’accord pour régler le problème climatique , mais du point de vue et dans l’intérêt de qui ? »

« En France, un immigré est apprécié en fonction de son utilité », les descendant·es de l’immigration sont elleux aussi conditionné·es par leur utilité, placer dans une situation d’errance perpétuelle de la quelle iels ne sont pas autorisé·es à sortir.

Les non blanc·hes français·es sont associé·es à l’immigration justement pour les empêcher de se sentir chez soi là où iels habitent, iels se retrouvent alors « ni d’ici ni de là-bas ».

Les enfants des quartiers populaires sont désenfantisé·es, interdit de traîner, iels doivent être utiles, apprendre des métiers utiles ; l’espace public n’appartient pas aux habitant·es des quartiers, ce n’est qu’un lieu de passage pour les travailleureuses.

La question raciale concerne aussi les blanc·hes, si les non blanc·hes sont discriminé·es alors les blanc·hes sont privilégié·es, le racisme détermine la place des un·es par rapport aux autres.

« Si nous voulons améliorer nos conditions matérielles d’existence et nous libérer, il faut choisir le territoire (les quartiers populaires) plutôt que la race (les personnes non blanches) », car le territoire enferme moins et est collectif, un projet politique peut venir plus facilement d’un territoire que d’une oppression.

L’islamophobie désacralise les pratiques spirituelles musulmanes et renvoie l’islam au foyer n’acceptant son expression que si celle ci peut avoir une utilité au capitalisme.

Les luttes écologiques devraient être aussi contre l’islamophobie, car celle-ci empêche les musulman·es de s’ancrer sur le territoire, de s’ancrer dans le vivant.

Quand les musulman·es parlent de nourriture, iels sont renvoyé·es au halal qu’iels voudraient mettre partout et à l’injonction de manger ce qu’il y a sans donner son avis, sans agir politiquement sur leur alimentation.

Bien manger est une distinction d’une minorité qui accèdent à une nourriture de qualité inaccessible aux classes populaires (prix, distance géographique ou culturelle,…), qui elles n’ont que la nourriture industrielle.


Les projets écologiques des politiques locales des quartiers sont pensées par des blanc·hes vivant hors des quartiers et qui promettent de « changer la ville », autrement dit, de gentrifier les quartiers populaires.

Les listes électorales écologiques menacent les habitant·es des quartiers populaires de les chasser de chez elleux.

Les écologistes refusent de lier l’écologie à la question raciale, iels veulent mettre la question du racisme sous le tapis puis se désolent de na pas être rejoint par les quartiers populaires.

Il faut lutter pour que les habitant·es des quartiers populaires reprennent leurs terres, une lutte qui leur permette de s’ancrer sur leur territoire, de s’y sentir chez elleux et en même temps une lutte pour la liberté de circulation.

Il faut mener une lutte anticoloniale contre les projets inutiles.


Autres ressources :

  • Les interviews de l’autrice chez Comme un poisson dans l’eau, chez Kiffe ta race, Le media, Presages, Jins et les épisodes de Radio parleur sur son livre « La puissance des mères » et l’émission Ecologie et quartier populaires, territoires en lutte.
  • Carte blanche de Karine Parrot chez La Fabrique
  • Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? De Hanane Karimi chez Hors d’atteinte
  • Ecofascismes de Antoine Dubiau chez Grevis
  • Quelle écologie radicale ? Murray Bookchin et Dave Foreman, Qu’est-ce que l’écologie sociale ? de Murray Bookchin chez Atelier de création libertaire.

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