Du salaire pour nos transitions

De Harry Josephine Giles

Chez Burn Aout

Traduction par Qamille

2023

Texte sous licence CC BY-NC-SA 4.0

Petit texte suivit d’un entretien avec l’autrice. Texte revendiquant que la transition demande du travail et est un travail fait pour être intégré au capitalisme et mérite donc un salaire comme tous les travaux d’adaptation au monde capitaliste.

« Mais le communisme du genre est en route. »

« La transition est un travail. »

« Nous exigeons un salaire pour nos transitions. »

La transition produit des vies genrées, c’est un travail nécessitant d’apprendre des technique afin de produire un genre qui puisse être nommé et dans le quel survivre sous le capitalisme.

« Notre travail de soin n’est pas payé. Notre expertise médicale n’est pas payée. Notre production de genre n’est pas payée. Notre militantisme n’est pas payé. Notre formation n’est pas payée. Nos groupes de parole ne sont pas payés. Notre enseignement n’est pas payé. Notre écriture n’est pas payée. Nous sommes dans la pauvreté. »

Le capitalisme veut faire des transitions des produits à acheter individuellement.

Dans le capitalisme la transition est un moyen d’extraire de la plus-value via le travail non rémunéré de celleux qui transitionnent.

Chaque étape de la transition nécessitant un travail à fournir mais qui ne sera payé que s’il est effectué par des professionel·les (médecin·es, hormones,…), ainsi quand le travail de transition est payé ce ne sont pas celleux qui transitionnent sont payé·es. Certaines connaissances apportées par les personnes trans seront d’ailleurs récupérées au profit de professionel·les qui en tireront de la plus plus-value (lae meddecin·es qui apprendra sur le sujet grâce à ses patient·es trans qui lui auront apporté du savoir qu’iel pourra mettre en avant pour se démarquer d’autre medecin·es)

Le travail de transition se produit dans plusieurs sphères :

  • La reproduction sociale : production de son propre corps
  • La transition comme extérieur au genre capitaliste : c’est le capitalisme qui produisant le genre, produit le décalage avec le genre attendu et donc la transition.
  • Exploitation dans le système de soin:dans un cadre patient·es médecin·es, les 2 « travaillent ensemble pour produire une personne saine » pour le capitalisme, mais seul lae meddecin·es est payé·es.

Le processus de refus (ou non) des transitions crée une précarisation des personnes trans (souvent les trans racisé·es, handi·es,…), assurant alors une force de travail vulnérable et exploitable.

Dans le capitalisme, la personne trans n’est pas un·e acheteureuse ou un·e patient·e mais un·e co-travailleureuse produisant sa transition dans l’espace du genre.

Les pratiques communautaires trans (racisées) produisent des pratiques et esthétiques culturelles qui se retrouve réapproprié par les artistes et théoricien·nes blanc·hes bourgois·es qui en tireront des profits sur le dos des travailleureuses trans souvent racisé·es.

« Le genre est le système de management des travailleureues essentiel au capitalisme,la famille est son service des Ressources Humaines, et la police n’est jamais loin »

Les personnes trans n’entrent pas dans la production genrée attendu par le capitalisme, la transition se retrouve alors être la seule forme de vie possible sous le capitalisme permettant au corps et à l’être trans d’avoir un espace au sein de la famille, du travail…


La famille nucléaire (capitaliste et récente) est une technologie permettant l’extraction de valeurs et où les travailleureuses sont exploité·es. Elle permet à certains corps d’aller travailler sur le marché quand d’autre travail gratuitement à reproduire ce corps.

Mais aujourd’hui, les deux adultes de la famille sont sur le marché et le travail de reproduction revient en partie à des personnes extérieures (femmes de ménages racisées, livreureuses,…). Cela permet d’extraire une plus grande quantité de valeur de cette sphère reproductive qu’est la famille.

Face à cette technologie imposée, certains corps s’échappent, ce sont ceux des personnes trans et queer. Le capitalisme à trouver le moyen d’extraire directement de la valeur des femmes mais aussi de certaines personnes queers, pour le moment ce n’est pas encore le cas des personnes trans qui ne sont pas encore intégrées par le capitalisme dans la production marchande (ou très peu).


La transition est à la fois une condition essentielle à la vie dans le capitalisme pour celleux qui n’entre pas dans les attendus du genre et en même temps un lieu de résistance au genre et au capitalisme.

La transition peut être une résistance collective quand elle remet en cause le capital, la famille et le genre, quand elle s’émancipe des institutions normalisatrices.

Le travail de transition étant fatiguant et exploité, il mérite salaire.

Certaines transitions peuvent être valorisées sous le capitalisme, certaines personnes trans se voient légitimé·es par les institutions afin de les opposer à d’autres personnes trans à qui la transition sera refusée et à qui sera refusé toutes subjectivité révolutionnaire.

« Le simple fait de vouloir un salaire pour la transition signifie que nous refusons que la transition soi l’expression de notre nature, que nous refusons précisément le rôle étroit auquel voudrait nous réduire le capitalisme »

C’est une demande révolutionnaire, qui entend reconnaître le travail du genre et vise son abolition. Le salaire pour la transition vise plus que la simple transition, cette revendication vise aussi le travail de construction du genre (la féminité comme travail au service d’un autre) ainsi que le travail d’adaptation demandé par capitalisme aux personnes handies.

C’est une lutte contre le capitalisme.

La transition n’est possible que dans une société sexiste qui forme et maintien le genre.


Aller plus loin :

  • Le groupe de l’autrice Fit To Work
  • Homo inc.orporeted de Sam Bourcier chez Cambourakis
  • Logique du genre de Jeanne Neton et Maya Gonzalez chez Sans Soleil
  • Le capitalisme patriarcal de Silvia Federici chez La Fabrique

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